Maîtres ou serviteurs ?

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Parcours d’un thérapeute humaniste
25 ans de pratique thérapeutique m’ont patiemment et longuement mené à observer chez mes clients, mais aussi en moi-même, les visages aux multiples facettes, souvent douloureuses, par-fois salutaires, de deux traits de caractère que nous avons tous : l’orgueil et la vanité.
C’est ce parcours que je retrace ici, jalonné de réflexions et de compréhensions nées de mon cheminement personnel, enrichi de connaissances et de savoirs acquis au fil de mes années d’accompagnement de personnes en difficulté ou en souffrance.

 

Retour aux origines
Je me souviens d’un de mes tout premiers cours de latin au lycée. Au programme du jour, l’étymologie de la vanité et de l’orgueil : si vanité vient de  »vanitas » qui signifie état de vide, de non-réalité, orgueil vient de “superbia” qui signifie fierté, hauteur, insolence. Leur signification me laissa de marbre, leur consonance latine me plut par contre beau-coup. Quelques années plus tard, assis sur les bancs de l’université, m’intéressant déjà aux textes anciens et plus particulièrement aux textes sacrés, je découvre dans la Bhagavad-Gîta et le Tao Tö King, que la vanité et l’orgueil, en tant que manifestations du « faux ego », sont les plus grands obstacles vis-à-vis de l’état de pleine conscience et la plénitude. Beau concept, mais qui signifie quoi, concrètement ?

Je me mis à étudier les différentes approches de la psychologie et de la psychanalyse, qui considèrent l’orgueil comme une hypertrophie du Moi, lié à un sentiment plutôt intériorisé pouvant parfois mener à l’isole-ment. L’orgueil est l’attribution à ses propres mérites de qualités que l’on n’a pas, et une opinion très avantageuse, le plus souvent exagérée, qu’on a de sa valeur personnelle aux dépens de la considération due à autrui ; à la différence de la fierté, qui n’a nul besoin de se mesurer à l’autre ni de le rabaisser. C’est aussi le manque ou l’absence d’humilité. La vanité est quant à elle surtout un désir de reconnaissance des autres, pour se prouver sa propre valeur.
Voilà qui commence à être plus clair, quoi que toujours un peu intellectuel. Une fois qu’on sait cela, qu’en fait-on ?

« L’orgueil se considère
comme le nombril
du monde… »

Mes études de praticien euphoniste énergéticien, au cours desquelles j’ai découvert la psychologie essentielle qui offre une compréhension globale du fonctionnement humain, m’ont conduit vers des connaissances très complètes et surtout concrètes sur les mécanismes à l’œuvre dans les manifestations de l’orgueil et de la vanité. La psychologie essentielle nous donne en effet à étudier les différents traits de caractère auxquels chaque être humain est confronté et qui le mènent inéluctablement à la souffrance. Parmi ceux-là, l’orgueil et sa petite sœur, la vanité.

 

Manifestations
La psychologie essentielle nous dit que l’être humain est tripartite, composé d’un centre physique, d’un centre émotionnel et d’un centre intellectuel. Comment l’orgueil et la vanité se manifestent-ils dans ces trois parties ?

Physiquement
La vanité a besoin de faire parler d’elle, d’attirer l’attention. Elle élève la voix dès qu’elle veut se faire entendre ou qu’elle a besoin de se défendre. Elle est bruyante, pouvant aller jusqu’à la grossièreté, véhémente de nature. Du point de vue systémique, elle est reliée au premier principe supérieur : l’appartenance. La vanité veut à tout prix exister dans un système. Elle est capable de le faire de façon agressive car, pour elle, la fin justifie les moyens. Un de ses aspects est qu’elle est instinctive, animale, elle veut manger l’autre par peur d’être dévorée par les autres et de dis-paraître, de devenir invisible. Elle occupe le territoire pour exercer son pouvoir, dominer l’autre, les situations et le monde, elle veut tout ramener à elle. Elle prend beaucoup d’espace pour qu’on la remarque, elle veut la première place. Elle est souvent inconsciente et ne se voit, ni ne se sait vaniteuse. La vanité se prend pour une lumière qu’elle n’est pas. L’orgueil, lui, préfère l’ombre. Il prend de la distance, s’enferme dans une tour d’ivoire à partir de laquelle il regarde les autres et le monde avec mépris. Contrairement à la vanité qui se met en scène, l’orgueil se tait, considérant qu’il n’est pas nécessaire de s’exprimer. De toute façon, il ne sera pas compris. Mais s’il adopte une position apparemment supérieure, c’est souvent pour (essayer de) com-penser une image d’infériorité qu’il a au fond de lui. L’orgueil est silencieux, il ne veut pas donner une occasion d’être remis en cause !
Émotionnellement
La vanité est très relationnelle. Elle est là pour séduire son auditoire, donne d’elle une image attirante, est capable d’une palette impressionnante d’émotions colorées qu’elle partage sans condition avec son public. Nos politiques en campagne électorale en sont une illustration parfaite. Tant qu’il y a des spectateurs, la vanité joue et vous en met plein la vue, vous impressionne en paroles, pour vous prouver que vous avez raison de la trouver séduisante, remarquable et unique. Elle se croit et vous fait croire qu’elle est indispensable, mais dès qu’il n’y a plus per-sonne pour l’admirer, rire de ses joutes verbales, c’est l’heure des doutes, des coups de cafard, qui la fait basculer dans le sentiment d’infériorité.
J’ai souvenir, dans mon cabinet, d’un humoriste qui a eu un grand succès durant plusieurs années et rêvait de jouer au stade de France devant plus de 200.000 personnes. La vanité était son moteur et lui a permis de réaliser son rêve… jusqu’au soir de la représentation. Il n’a pas fait le plein comme il l’avait imaginé. Ce fut même un fiasco financier. L’image qu’il avait de lui-même s’est fissurée, il lui a fallu longtemps pour s’en remettre, mais cette expérience l’a rendu plus fort, plus humble, et il en parle très facilement dans les médias. Lorsque, à 21 ans, je jouais dans les théâtres, convaincu que je ferai une grande carrière d’acteur, je me vantais souvent d’avoir mis le public à mes genoux, tant je me trouvais génial ! Et quand le succès n’était pas au rendez-vous, je me repliais dans la tour infernale de mon orgueil, tout-puissant, silencieux et condescendant, pensant “Vous n’avez rien compris à mon art, vous n’êtes pas assez fin pour mon humour ». En regardant derrière cette attitude dans mes premières années d’analyse, il faut bien avouer que je me sen-tais aussi et surtout terriblement seul, incompris. C’est d’ailleurs là que la souffrance atteignait son apogée.
Avez-vous observé, par exemple, que plus on se donne de la valeur extérieure, plus on se dévalorise intérieurement à ses propres yeux ? Ce qui conduit avec le temps à pleurer sur soi, à renforcer en soi tristesse et colère, à enraciner la peur et les angoisses.
Mentalement
Dans ses moments de solitude, le vaniteux comprend qu’on n’est pas ce qu’on veut montrer, ni ce qu’on veut faire croire aux autres. L’image qu’il a de lui-même se dé-grade, le décalage se fait de plus en plus grand entre ce qu’il croit être et ce qu’il fait croire aux autres. Il se dévalorise, ne croit plus en lui, l’échelle des valeurs qu’ils croyait siennes s’effondre, il se voit dans une forme d’ignorance et d’impuissance et ne l’accepte pas. À cet endroit, l’orgueil s’ancre un peu plus dans les ruminations internes, la pensée tourne sans fin, devient agitée, confuse.
Lorsque j’étais étudiant, je vendais des espaces publicitaires pour un journal immobilier. La vanité était ma meilleure amie de l’époque, et quand le client hésitait à acheter, je le touchais dans son orgueil et il finissait toujours par signer…

Regardez dans votre vie
Fermez les yeux un instant et prenez le temps de regarder dans votre vie, dans votre passé, comment la vanité et l’orgueil s’exprimaient chez vous ou autour de vous : étiez-vous de ceux qui avaient avant tout le monde le dernier jeu vidéo ou téléphone portable en vogue ? Étiez-vous habillé(e) ultra-tendance ? Êtes-vous renfermé après l’humiliation d’un échec amoureux, scolaire ou professionnel ?Dans votre vie aujourd’hui, avez-vous à votre bras la plus belle femme ou l’homme le plus riche, le plus élégant du monde ? Êtes-vous surdiplômé ? Avez-vous une voiture luxueuse, un très gros salaire ou une très grosse maison ? À l’inverse, ne possédez-vous rien de tout cela, parce que vous considérez n’avoir besoin de rien, vous avez dépassé tous ces attachements matériels que vous estimez comme des plus futiles ?

 

Les niveaux de thérapie
Observons maintenant la vanité et l’orgueil à travers les niveaux de thérapies des derviches Hakim (le mot signifie « guérisseur », « médecin »). L’épigénétique nous enseigne que nous sommes façonnés par l’environnement et par notre histoire individuelle. Ceci altère notre ADN et se transmettrait également d’une génération à une autre. Les derviches, eux, parlent de la science des impressions, qui entrent en nous par nos sens, mais que nous ne percevons que très peu consciemment. La vanité et l’orgueil sont constamment nourris en impressions au travers des médias, de la publicité, des buzz sur internet, depuis les discours de nos politiques jusqu’à la mode des selfies (photos ou vidéos prises avec son téléphone et envoyées sur le net via Twitter, Facebook, etc.), en passant par les body-builders, les tatoués du biceps ou les adeptes du Botox. Au niveau psychologique, la vanité et l’orgueil sont en règle générale un tampon servant à cacher à soi et aux autres un sentiment d’infériorité, lui-même souvent lié à la peur, nous en avons déjà parlé.
Au niveau énergétique, mon expérience d’énergéticien au cours des 25 dernières an-nées m’a souvent montré des perturbations au niveau des 7 cervicales (épaules, trapèzes, omoplates), du sacrum, du coccyx, et des méridiens du foie, vésicule biliaire, poumons , gros intestin, reins, vessie et nerf thymus.. Au niveau systémique, la conscience morale familiale s’impose inconsciemment à nous et nous empêche parfois de faire ce que nous aimerions faire, et ceci peut remonter jusqu’à sept générations. De plus, je l’ai dit, la vanité est selon moi en lien avec le premier principe d’appartenance. L’orgueil est plus en lien avec le second principe systémique, celui de la place. Il ne cherche pas à appartenir, mais à être « calife à la place du calife », pour dominer les autres.

La vanité de maman, l’orgueil de papa
Vous pouvez regarder dans votre famille qui avait cette tendance à la vanité ou à l’orgueil : votre père, votre mère, votre grand-mère, votre arrière-grand-oncle ?
Maman se vantait toujours de la beauté, de la gentillesse et de l’intelligence de ses enfants. Elle se grandissait en tant que mère. L’orgueil blessé d’avoir eu une mère qui ne s’était pas occupée d’elle et l’avait rejetée ? Nous étions élevés dans la grandeur, pour masquer l’infériorité d’être des étrangers dans un petit village lorrain où il ne faisait pas bon l’être. Obligation d’être aussi exemplaire. Vanité renforçant l’orgueil qui peut tout encaisser et rester debout : « Même pas mal ! ». Papa était orgueilleux, ce que l’on faisait n’était jamais assez bien : tu es nul, nul et nul. Il était difficile d’être en lien avec lui, enfermé qu’il était dans ses idéaux élevés. Ce qui était au-dessous n’existait pas, alors mon orgueil blessé disait : « Je te montrerai que tu t’es trompé, je te dépasserai et je t’écraserai ». Le temps et le travail sur moi ont définitivement apaisé ces souffrances d’orgueil, ainsi que la compréhension qu’il avait surtout peur qu’on se moque de lui parce qu’intellectuellement peu cultivé et constamment diminué par son propre père. Souvenir d’enfance : arrivée d’ex-Yougoslavie dans un petit village où l’extrême-droite battait des records dans les années 1980. Le petit Nico-las rentre en pleurant de l’école : « Maman, ils m’ont tapé et traité de sale étranger ! ». Ma mère me gifle, me fixe, en colère, et me dit, droit dans les yeux : « Tu as du sang yougoslave dans les veines, et un Yougoslave, ça ne pleure jamais, ça ne baisse jamais la tête. Un Yougoslave, c’est droit, c’est fort. Tu vas te battre, même contre dix, et si tu reviens une fois en pleurant à la maison, tu auras le triple de correction ». Sept ans à peine et un ancrage dans l’orgueil, tout un pays d’origine dans mes petits poings rageurs, pour corriger les faibles qui se prennent pour des forts et les forts qui s’en prennent aux faibles.

Les remèdes
Votre vanité et votre orgueil racontent une partie de votre histoire passée. Comprenez ce qu’ils vous ont apporté. La plupart du temps, comme pour le petit Nicolas, ils vous ont permis de survivre (tant bien que mal) dans un environnement pas toujours sécurisé, aimant ou bienveillant.
Ensuite, pour vous libérer de leur influence, vous pouvez, comme les derviches, reconnaître que vous devez tout aux autres, que c’est Dieu qui vous a donné la force et la vie. Vous pouvez voir dans vos réussites les facteurs multiples et interdépendants qui vous ont permis d’atteindre vos objectifs, vous rappeler avec Gurdjieff qu’un homme seul ne peut rien. Exprimez votre la gratitude envers tous ceux à qui vous devez quelque chose ! Si vous avez occasionné un mal, rendez-vous auprès de celui qui en a souffert et dites-lui que vous êtes désolé. Apprenez à grimper sur le dos du diable, sur le dos de votre orgueil et de votre vanité pour qu’ils vous mènent dans la direction que vous avez choisie. Décidez aussi de prendre les choses (et vous-même !) plus à la légère.
Et surtout, n’oubliez pas que prendre soin des autres, c’est prendre soin du monde et c’est aussi prendre soin de soi.

Nicolas Bosniak

2019-02-19T14:56:35+00:0011 septembre 2017|Article, therapies energetiques|

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